Vidéo : La radiographie

- Docteur Raphaël Blanc bonjour. Vous êtes Neuro-radiologue au Centre hospitalier universitaire Henri Mondor de Créteil. Cette spécialité qui traite de l’imagerie médicale recouvre aujourd’hui plusieurs techniques assez différentes les unes des autres.
Pouvez-vous nous parler de la radiographie ?
 
- La radiographie est basée sur l’utilisation des rayons X.
Ces rayons ont été découverts à la fin du XIXe siècle. Il s’agit d’ondes électromagnétiques, tout comme les micro-ondes utilisées dans les téléphones mobiles, ou la lumière que nous percevons avec nos yeux.
La seule différence, c’est leur fréquence : celle des rayons X est plus élevée, et c’est justement cette caractéristique qui leur permet de pénétrer plus ou moins la matière.
Ainsi, les tissus qui constituent nos organes absorbent plus ou moins ces rayons et un simple film photosensible placé derrière le patient permet d’obtenir une image photographique. Cette image est la projection sur un même plan de chacun des organes traversés. On perd la notion de profondeur en quelque sorte.
Les matières denses, comme les os, sont dits radio-opaques car ils ont absorbé la quasi-totalité du rayonnement X incident. Ils apparaissent pour cette raison en clair sur le cliché
Par contre, les poumons remplis d’air sont dits radio-transparents, car la faible densité des tissus et de l’air laissent passer la quasi-totalité des rayons X. Ils apparaissent alors en noir sur le cliché.
Entre ces deux extrêmes, retenons que les muscles apparaissent en gris foncé et la graisse en gris clair.
La radiographie repose sur ce principe de l’absorption différentielle des rayons X par les tissus. Les résultats obtenus sont ces clichés, en nuances de gris, que le médecin va pouvoir interpréter.

Comment se présente l’appareil de radiographie et comment l’examen se déroule-t-il ? 

L’appareil se compose du tube émetteur de rayons X, d’une table d’examen et d’un récepteur qui contient le film radiographique. 
Prenons l’exemple d’une radiographie du thorax:
Le patient est debout, la poitrine contre la table d’examen qui est en position verticale. 
Le tube émetteur de rayons X est placé à l’arrière du patient. Il projette une marque lumineuse qui permet de positionner correctement l’émetteur.
On demande alors au patient de gonfler ses poumons et on le soumet, pendant 1 seconde environ, aux rayonnements X afin d’impressionner le film radiographique situé derrière.
La cassette est alors retirée et le film est développé à la façon d’une pellicule photographique traditionnelle.
Mais retenons que de plus en plus, la technologie actuelle a tendance à substituer aux films radiosensibles traditionnels des capteurs numériques.

Quels sont les avantages de la radiographie numérisée ?

Le format numérique permet de constituer une banque d’images que l’on peut consulter à loisir ou transmettre à un confrère. Il permet également de retravailler l’image pour accentuer les contrastes par exemple.

Et comment exploitez vous ces clichés ?

Les clichés sont observés et interprétés par le radiologue
•    soit sur un négatoscope
•    soit sur un écran de contrôle s’il s’agit d’une image numérisée.
Les informations fournies par la radiographie sont exclusivement d’ordre morphologiques.
Sur ce cliché, on repère aisément : 
les poumons - le poumon gauche étant plus petit du fait de la présence du cœur. On distingue les côtes, les clavicules et même les bronches. 
On peut également repérer la coupole diaphragmatique qui marque la limite entre la cavité thoracique et la cavité abdominale.
Sur cet autre cliché, on observe des opacités au niveau des 2 poumons. Une opacité, c’est une zone radio-opaque, plus claire que le milieu environnant. Il s’agit ici de métastases pulmonaires.            
Inversement , une clarté correspond à une zone radio-transparente plus sombre que le milieu environnant. C’est le cas sur cette radiographie du membre inférieur qui révèle une fracture.

Revenons à la radiographie thoracique, il n’y a pas que les poumons ? Je ne vois pas l’œsophage par exemple !

Effectivement, l’œsophage se confond avec les organes voisins. Mais on peut le rendre visible grâce à l’utilisation d’un produit de contraste
Pour cela, on fait boire au patient une suspension de baryum, puis on effectue une série de clichés à intervalles réguliers. 
Ce produit étant radio-opaque, les clichés révèleront successivement l’œsophage puis l’estomac puis le duodénum.
Cet examen est appelé transit oeso-gastro-duodénal ou en abrégé TOGD.

La radiographie permet-elle également de visualiser des structures très fines comme les vaisseaux sanguins ?

Oui , tout à fait ! Il suffit d’injecter par voie sanguine, un produit de contraste, à base d’iode cette fois. 
Ainsi, pour traiter un anévrisme sur une artère cérébrale, c'est-à-dire une dilatation localisée d’une artère du cerveau, on pratique une incision à l’aine au niveau de l’artère fémorale et on introduit un tube très fin appelé cathéter, que l’on fait passer successivement de l’artère fémorale à l’aorte abdominale puis l’aorte thoracique pour remonter par l’artère carotide jusqu’au cerveau.
C’est à ce moment qu’est introduit le produit de contraste.
La progression du cathéter, qui est lui-même radio-opaque, ainsi que l’injection, sont suivis sur un écran de contrôle.
On profite de ce cathéter pour traiter l’anévrisme. On parle alors de radiologie interventionnelle. Sur cette séquence, vous pouvez observer comment on rebouche cet anévrysme avec un fil en titane que l’on enroule sur lui même.
 
Vous avez dit que les rayons X traversent les tissus. N’est ce pas dangereux ?

Il faut savoir que les rayons X représentent un danger qu’il ne faut pas sous-estimer.
Ce rayonnement peut entraîner des altérations de l’ADN et donc endommager des cellules. Mais tout est ici question de dosage.
Les effets étant cumulatifs, bien que les doses utilisées soient faibles, il faut limiter le nombre d’examens radiographiques et en éviter la prescription chez les femmes enceintes.
Le personnel, qui est lui, exposé à un risque chronique, est bien sûr protégé. Au moment précis de l’irradiation il se trouve derrière une cloison plombée qui arrête le rayonnement.
Si sa présence auprès du patient est indispensable, il doit alors porter des gants et un tablier plombés.
Par ailleurs, les produits de contraste iodés peuvent déclencher des réactions allergiques chez certains patients.

Docteur Blanc, je vous remercie.

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